Mathieu Mercuriali
Giulio Zucchini
Editions de l’Epure, 25 Rue de la Sablière, 75014 Paris

QUI A TUÉ
FÉLIX POTIN ?

L’avenir, un produit du passé



Bien avant l’arrivée des grands groupes français comme Carrefour, Leclerc et Auchan, et de la transformation numérique avec les géants américains Amazon et Google, la maison Potin s’impose comme l’établissement précurseur dans la grande distribution alimentaire et dans l’épicerie de proximité.

En 1924, l’empire Potin compte 10 usines et 5 chais, 600 concessionnaires, 70 succursales, 5 000 clients épiciers, 650 chevaux et 80 automobiles.

Les catalogues de Potin fonctionnaient comme la base de données d’Amazon ou Google Shopping. Il était possible de passer une commande et de compter sur les centaines de succursales réparties à Paris, et dans toute la France, à travers un système aussi capillaire que Relais Colis, Carrefour City ou Seven Eleven. La commande était envoyée par pigeon voyageur ou courrier, ensuite la marchandise était livrée à cheval, vélo, triporteur ou camionnette. L’identité de la marque – toujours bienveillante, séduisante et pédagogique – était véhiculée par les collections de chromos et les portraits photographiques des célébrités. De la même façon que les marques utilisent aujourd’hui les instagrammeurs et les nouvelles technologies, Potin intègre toutes les innovations de l’époque dans la construction de ses boutiques (béton et décorations), dans la chaîne de production (équipements industriels) et de livraison (véhicules motorisés). L’histoire de la maison Potin, depuis 1844 jusqu’à 1995, offre un regard inédit sur la révolution numérique et l’évolution de la ville. Elle nous rappelle que la technologie est une histoire ancienne et que les idées de l’homme sont disruptives depuis plusieurs siècles.